Parler des femmes... Ou des hommes

Publié le 26 Mars 2014

« Il existe une différence fondamentale entre Beauvoir et Dolto, c’est la question de la maternité, comprise par la philosophe comme une source d’aliénation des femmes et analysée comme une relation d’amour et de soin par la psychanalyste. Dolto veut penser la force de la clinique comme ce qui rend viables pour les femmes, dans le cadre du triangle père, mère et enfant, des relations mal construites, alors que Beauvoir refuse toute référence à la famille, assimilée à un ordre bourgeois opprimant les femmes. (…) Dolto défend une sexualité féminine épanouie qui passe par l’élaboration d’expériences dites féminines, celles du soin et de l’amour. D’un côté le lien d’amour comme don réciproque augmente la valeur de l’orgasme. De l’autre, la relation de soin, présence attentive à un autre plus vulnérable que soi, ne se structure pas symboliquement uniquement dans la dyade mère-enfant mais dans le triangle parents-enfant. Françoise Dolto insiste sur l’importance de la présence du père dans la relation de soin, importance décuplée quand il s’agit d’une fille. Par ailleurs le rôle particulier des femmes dans la relation de soin est culturel. Pour Dolto si les bébés se trouvaient dès la naissance sous tutelle masculine, les relations masculines et féminines s’inverseraient. Par où l’on voit, cette fois en accord avec Freud, que les identités ne sont pas fixées et que la sexualité n’est pas instinctuelle, qu’elle doit être rattachée à la vie psychique. Que la sexualité soit une affaire culturelle ouvre le jeu des sexualités (hétérosexuelles, homosexuelles) non codées selon la différence du normal et du pathologique. »

 

Fabienne Brugère

 

extrait de « Dolto, une vie pour l’enfance » hors-série Télérama

Rédigé par marij.over-blog.com

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article