un autre mercredi
Publié le 4 Avril 2012
Je me plains de la surveillance dans la cour d'école.
Je me dis par ailleurs que je l'ai bien cherché. Que cette banalisation des centres de loisirs, cantine et garderie, parceque quand on travaille, à plein temps, "on n'a pas le choix", je me dis que ça conduit forcément quand même à un petit peu de déresponsabilisation des parents... Que prendre l'habitude de faire garder des enfants, par groupe de 15, de 20, de... Par quelques adultes qui les ne les connaissent pas toujours très bien, malgré la bonne volonté de tout le monde, ça finit par être peut-être une mauvaise habitude... Je me demande.
Je me demande aussi jusqu'à quel point il faut intervenir dans les jeux d'enfants, jusqu'à quel point on peut s'autoriser à parler d'amour aux enfants, sans se prendre pour le berger du troupeau, dans quel mesure les limites de leur âge nous empêche de leur parler d'empathie...
Vous me direz, je pourrais lire plus d'ouvrages de psychologie... Mais rien ne vaut la pratique!
Donc ce mercredi, j'ai pratiqué.
Quand la copine de Co est arrivée Co ne voulait plus jouer avec elle parceque la veille elle s'était fait faire une frange... Quand Co rêve de se débarrasser de sa frange! J'avais une furieuse envie de lui dire : tu es la plus bête du monde... Je me demande si je ne le lui ai pas dit...(Mais je me demande si elle n'a pas compris d'abord t'es la plus belle du monde, parcequ'elle a répondu, non, c'est Elodie la plus belle du monde)
Quand Phil est arrivé après Leo, Si voulait regarder un film avec eux, mais pas Phil, et puis Leo était jaloux de Phil, alors Phil est resté tout seul à jouer en haut, avec la copine à la frange, et mes enfants étaient fâchés en bas.
Sauf Cam qui est souvent content, même si personne ne daigne jouer avec lui.
Ils étaient donc six. Au bout d'un moment je n'en pouvais plus d'en voir deux ignorer un troisième, j'ai insisté pour qu'ils jouent ensemble, pour qu'ils prennent le goûter ensemble d'abord... Leo l'a mal pris et a fichu le camp dans le jardin. Cet après-midi là j'ai essayé de parler un peu beaucoup aux trois garçons : à celui qui veut toujours être le chef, à celui qui ne veut faire que ce que lui a envie de faire, à celui qui grimpe partout de manière éventuellement dangereuse... J'ai essayé d'empêcher la plus grande de trimballer à bras le corps les deux plus petits, parcequ'ils tombaient souvent, j'ai essayé de tenir la promesse idiote (dans le contexte) que j'avais faite de les laisser regarder un film, et après un choix cornélien, ils en ont eu un qui ne marchait pas du tout, qui passait d'un chapître à l'autre, qui a duré 20mn au total et auquel personne n'a rien compris...
Je ne sais pas pourquoi j'éprouvais un léger sentiment d'échec à la fin de cette journée.
Pourtant les voisins ne se sont pas plaint du bruit que nous faisions tous les sept dans le jardin quand j'ai joué au foot avec eux (le ballon est passé deux fois chez les voisins), ou quand on a fait une course de relais. Là je n'ai pas vraiment essayé de les empêcher de hurler, j'avoue.
Par ailleurs je garde un très bon souvenir des deux filles "mises en beauté", des poupées sous le bras, qui descendent l'escalier ensemble, de la complicité entre les six pour jouer au relais, de la grande qui s'en fiche d'être avec des "petits", qui crie et qui gesticule, qui enfile un pantalon de Si à peine trop petit, parceque la jupe c'est pas pratique, de Cam qui court à la cuisine pour prendre un torchon et couvrir les poupées dans la poussette, de Leo qui s'improvise arbitre, de Si qui marque un but, de Phil qui donne le départ du relais en comptant jusqu'à... impossible de prévoir!